mardi 21 avril 2015

C'est beau les Pyrénées!



Depuis mon ascension du couloir de Gaube au Vignemale, il y a un an avec Sylvain, je n'avais qu'une envie: y retourner!
Il se trouve que ce dernier avait exactement la même idée! Parfait!

Il faut dire que cette visite au Vignemale le printemps dernier, nous avait laissé un peu songeurs... A la fois heureux d'avoir réalisé cette belle classique (dans des conditions pourtant pas très favorables) et à la fois un peu déçus de ne pas avoir pu rendre visite à son voisin de gauche, l'Arlaud Souriac suite à une succession d'infos plutôt farfelus de la part du gardien du refuge.
Bref!...


Nous avions donc une petite revanche à prendre! 
Un an plus tard, bien décidés, cette fois, à ne pas nous laisser influencer et à juger par nous même, nous prévoyons de monter au refuge des Oulettes pour le week-end.


 
  Vendredi matin, coup de fil au refuge: c'est reparti...décidément!
Je dois commencer par affronter le pessimisme débordant de mon interlocuteur...  Gardien? Aide gardien? J'en sais rien... Toujours est-il que ce n'est surement pas un randonneur qui passait par là qui m'a répondu au téléphone!
On me fait la morale (il faut arriver au refuge avant 18h (??!), pas faire de bruit, dormir dans le dortoir d'hiver, blablabla...), il ajoute aussi que ce n'est pas la peine de venir parce que les goulottes c'est fini... sans compter qu'en plus il a reneigé! (...n'importe quoi!) 

"Je m'en fout, je voudrais simplement réserver deux nuitées s'il vous plait!!"

... Oulàlà! Ce mec là commence à me tendre!

Quand on arrive au refuge vendredi soir, il est 23h et tout le monde est au lit! A première vue, il n'y a pas beaucoup de corde et de piolet qui traîne dans l'entrée, aussi nous espérons être tranquille dans les goulottes le lendemain.

Goulotte Lechêne au Petit Vignemale
La nuit est bien courte. Et comme on nous a mis à la cave, on a trop froid! Finalement, on est bien content d'entendre sonner le réveil à 4h. 
Nous prenons la direction du Petit vignemale, au programme d'aujourd'hui: la goulotte Lechêne, TD-, 350m.

Ce n'est pas trop long, pas trop dur, depuis le temps que nous n'avons pas touché de piolets, ce sera parfait!
La neige porte plutôt bien sur le plat mais c'est beaucoup moins drôle dès que l'on attaque la pente pour rejoindre le pied de la face! On s'enfonce un pas sur trois puis un pas sur deux et finalement on s'enfonce à chacun de nos pas!

A l'attaque de la goulotte Lechêne
... Dans la première longueur
de la goulotte Lechêne...
 Au lever du jour, j'attaque la première longueur. Pas suffisament fournie en glace pour aller clipper les pitons qui se trouvent sur le côté droit, je choisi de renfougner sur la gauche. 
La glace n'est pas bien épaisse et ça grimpe un peu. Le tout est bien protégeable et ça passe plutôt bien!





 
Au pied du dernier ressaut...
 
La suite est magnifique, une petite goulotte de la largeur des épaules en excellente condition puis un couloir plus large et moins raide. 
Nous avançons pas mal de temps à corde tendue jusqu'à butter sous un ressaut vertical barré par deux petits surplombs. Là encore, il n'y a pas des tonnes de glace mais juste ce qu'il faut pour que ça passe!
Des bons friends callés et c'est parti !




Nous rejoignons le sommet du Petit Vignemale par des pentes de neige faciles puis nous redescendons rapidement au refuge après avoir jeté un œil à notre objectif du lendemain: L'Arlaud Souriac, TD, 600m.

Heureux de cette première journée!



Vu les températures annoncées pour le lendemain, nous optons pour un réveil matinal pour ne pas dire nocturne: 2h30.
Après 1h30 de marche nous passons la rimaye, serrage de fesses... C'est vertical, les ancrages sont moyens et le trou a quand même l'air un peu profond!

L'aiguille des glaciers et l'Arlaud à droite
Une grande pente de neige/glace nous mène un pied d'un premier ressaut. Un plaquage fin recouvre une dalle assez large. Traversée un peu délicate avec quelques pieds à poser dans le caillou. J'attaque à l'extrême gauche pour finir tout à droite où je trouve un relais qui laisse à penser qu'une cordée a butter ici... 
On continue, on verra bien!

Dans l'Arlaud...

Sylvain se fait plaiz...

La suite reste bien verticale mais la glace est bonne et nous pouvons avancer un peu à corde tendue, il faut dire que 30 mètres entre nous c'est court :) ...
Un nouveau ressaut nous demande de tirer une petite longueur. Celui-ci se négocie bien par un petit crochet à droite.
Fin des difficultés: maintenant il fait bien jour, on range les frontales et on tire à corde tendue jusqu'en haut!


C'est génial cette alternance de petits murs de glace et de goulottes étroites qui se redressent parfois! C'est bien plaisant de pouvoir enchaîner tout ça sans s'arrêter! 
On fait des centaines de mètres comme ça chacun de notre côté sans se voir, à 30 mètres l'un de l'autre. 
Une petite pause pour refaire le plein de matos et je repars de plus belle! 
J'suis morte de rire quand Sylvain me demande: 
"T'avais pas envie de me voir aujourd'hui ou quoi?!?"




Variante de sortie...



A trop rigoler, on tire peut être un peu trop à gauche, et on doit se reconcentrer un coup pour grimper dans de la neige collante et du caillou pourri pour rejoindre le sommet! On fini quand même en beauté par une jolie petite arête rocheuse qui débouche tout là haut: cette fois, c'est gagné! 

On est carrément trop ravis d'être là et d'avoir parcouru cette très belle voie ensemble! Depuis le temps qu'on en rêvait!

La suite se passe tout aussi bien: glacier d'Ossoue, passage des isards ou échelles du Petit Vignemale (pour les intimes...) et à 13h nous sommes de retour au refuge! 

Le gardien a déserté les lieux dans la matinée, il n'y a plus d'eau et la partie habituellement ouverte en hiver avec le poêle est fermée à clef... 
Tout juste rentrée d'Oisan, je me dis que ce gars là ferait bien d'aller faire un petit stage d’amabilité au Promontoire... Sinon on pensait lui proposer de plutôt garder une baraque à frites!

Bon, j'arrête... je vais me faire taper dessus!

Avant de quitter le refuge et de prendre la direction de la vallée, nous nous offrons une bise à Monsieur Lechêne, la légende locale. Nous en profitons pour lui dire que sa goulotte est vraiment classe! ...ça le fait rire!


Pendant la descente, un dernier coup d’œil dans le rétroviseur! La face nord de la Pique Longue est si belle! 
C'est promis, on ne tardera pas à revenir! 


  C'est vraiment trop BEAU les Pyrénées!


Petit point matos pour les suivants:
Goulotte Lechêne (4h), Arlaud Souriac (5h): 
- 1 brin de 60m
- 8 broches, plutôt courtes voir très courtes.
- 1 petit jeu de camalots du 0.3 au 1 + 1 C3
- 6 pitons principalement des lames (que nous n'avons pas utilisé!)

Voilà, voilà!

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